vendredi 7 janvier 2011

DEUX LIVRES VENUS D' ESPAGNE.

2010 s'est achevé en fanfare pour les publications originales concernant le western spaghetti.
Deux livres édités en Espagne permettent de faire le point sur une partie méconnue du genre: le rôle effectif des cinéastes, techniciens, acteurs espagnols qui ont créé et anticipé, par bien des aspects, ce que la postérité attribue au seul cinéma italien.

Juan Gabriel Garcia, journaliste à la Voz de Almeria, quotidien local et mémoire régionale, déjà auteur d'une biographie du figurant le plus célèbre d'Almeria, El Habichuela, publie un recueil d'entretiens riches et variés avec des cinéastes, acteurs, et ce qui est beaucoup plus rare, les techniciens méconnus de l'image, du cadre, du décor, de la production: du régisseur à la script.

Joaquin Romero Marchent, Eugenio Martin, Eduardo Fajardo, Simon Andreu, pour ne citer que les plus fameux, donnent le ton de ce que fut l'invention d'un genre, côté ibérique. Une contribution d'ensemble inégalée et maintenant indispensable sur ce versant trop souvent méconnu du western spaghetti.

Juan Gabriel Garcia, Los Espanoles del Western, Editorial Circulo Rojo, 2010, (Préface de Enzo G. Castellari).




L'ambition de l'auteur de Spanish Western, Pedro Guttierez Recacha, est très grande. Il entend démontrer que les cinéastes espagnols, bien avant Leone et les italiens, ont su créer un genre bien codifié et authentique, précurseur du développement commercial et esthétique du western européen.


400 pages bien tassées et parfaitement sourcées cernent tout ce qui fait l'entreprise de création et d'industrie: des conditions de production, de tournage, de la naissance et l'usage des décors, aux circuits d'exploitation en passant par les chemins tortueux de la censure franquiste.


Recacha s'appuie adroitement sur une documentation d'époque, en consultant, parmi d'autres, la revue Fotogramas et les entretiens passés avec les gloires ou les seconds coûteaux du temps: Fernando Sancho, Antonio Molino Rojo, Lex Barker, Giuliano Gemma, Hugo Fregonese et même... Clint Eastwood, dans un incroyable entretien d'avril 1964, fait à Madrid, où l'acteur, alors inconnu en Espagne, explique tourner une co-production commencée en Italie 15 jours plus tôt, en compagnie d'un très belle actrice allemande, au nom incertain de Marianne " Kock o Cook" (Marianne Koch), sans même citer le nom du metteur en scène... Sergio Leone.

L'article est reproduit et l'on découvre alors le visage de l'homme sans nom, top model photographié entre deux plans de Pour une poignée de Dollars, décontracté sous une belle barbe de trois jours, nécessaire au tournage, mais chemise élégante et col largement ouvert.


Préfacé par Carlos Aguilar, l'ouvrage consacre une longue partie à Joaquin Romero Marchent, ce cinéaste majeur et inventeur oublié par l' Histoire du Cinéma de bien des formes en Scope Couleurs de ce que laissera à la postérité le western méditerranéen .

Il est si rare de trouver une lecture un peu nouvelle du genre, que nous ne saurions que trop conseiller l'acquisition de cet ouvrage, même aux hispanisants peu avertis, au vu de la qualité et de la nouveauté des informations que l'on peut y picorer ou y dévorer.

Pedro Gutierrez Recacha, Spanish Western El Cine del Oeste como subgénero espanol (1954-1965), Generalitat Valenciana, 2010, (Préface de Carlos Aguilar).

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