dimanche 23 janvier 2011

CONVERSATIONS AVEC SERGIO LEONE (1987).

S'il est un livre à connaître sur Sergio Leone, c'est bien celui-ci.

Noël Simsolo est un des premiers critiques sérieux à se pencher sur l'oeuvre du westerner italien. Il publie un entretien avec le cinéaste dans la revue ZOOM, N° 12 de 1972 puis c'est un article, désormais fameux, dans  La Revue du Cinéma Image et Son, n° 275 de septembre 1973. Mon Nom est Personne, dont le tournage s'achève à peine, est alors en post-production.

ZOOM, N° 12 de 1972: une première conversation entre Sergio Leone et Noël Simsolo.


La Revue du Cinéma Image est Son, N° 275, septembre 1973: Sergio Leone, par Noël Simsolo.


Leone apprécie l'article de Simsolo et les deux hommes deviennent amis, tissent même des liens familiaux. Sergio Leone aime Paris et traîne souvent au Marché des Puces, comme il l'explique à la télévision française.

Conversations avec Sergio Leone est issu d'une série d'entretiens enregistrés courant 1986-1987 (?), et sort chez Stock Cinéma en juin 1987. On sait maintenant que Sergio Leone raconte pas mal de bobards à son interlocuteur (sortie clandestine et estivale de Pour une Poignée de Dollars, exploité en fait de façon tout à fait normale, après son visa de censure du 01.09.1964, au SuperCinéma de Florence; auto-attribution de certaines des meilleures séquences de Mon Nom est Personne, réalisées par Tonino Valerii au Nouveau-Mexique, où Leone n'était pas....)

Mais l'ouvrage reste passionant. Leone y dévoile lui-même sa pratique du cinéma, son enfance et sa formation, la genèse intuitive ou conceptuelle de ses films, même s'il est probablement difficile encore de démêler vérités et mensonges.

Leone rejoint Orson Welles dans la façon dont il fabrique et raconte sa propre légende, celle d'un authentique créateur de formes du septième art.
Leone fut d'ailleurs pour un jour l'assistant de Welles à Rome, et plus longuement celui de Emile Couzinet dans ses studios de Bordeaux: des parrainages étrangement différents et bien moins connus que celui de Vittorio De Sica.

L'ouvrage se boucle sur l'évocation apocalyptique de l'ouverture de Leningrad, dernier projet jamais tourné de Sergio Leone: un retour au cinéma colossal des origines, celui où Steve Reeves et Rory Calhoun viennent à bout des fureurs de la terre et des éléments déchaînés (Les derniers jours de Pompéï, Le Colosse de Rhodes.)


Leone meurt le 30 avril 1989. France Culture a alors la bonne idée de diffuser quelques temps après l'intégralité des enregistrements réalisés par Noël Simsolo.


Les Cahiers du Cinéma , qui, en leur temps, sous la plume de Sylvie Pierre, dès 1968, s'étaient déjà intéressés à Leone, rééditent dans un format de poche, en 1999, Conversation avec Sergio Leone. C'est donc sans "s" qu'on peut encore se le procurer.


Conversations avec Sergio Leone, Noël Simsolo, Stock Cinéma, 1987.
Conversation avec Sergio Leone, Noël Simsolo, Cahiers du Cinéma, 1999 (réédition).

vendredi 7 janvier 2011

DEUX LIVRES VENUS D' ESPAGNE.

2010 s'est achevé en fanfare pour les publications originales concernant le western spaghetti.
Deux livres édités en Espagne permettent de faire le point sur une partie méconnue du genre: le rôle effectif des cinéastes, techniciens, acteurs espagnols qui ont créé et anticipé, par bien des aspects, ce que la postérité attribue au seul cinéma italien.

Juan Gabriel Garcia, journaliste à la Voz de Almeria, quotidien local et mémoire régionale, déjà auteur d'une biographie du figurant le plus célèbre d'Almeria, El Habichuela, publie un recueil d'entretiens riches et variés avec des cinéastes, acteurs, et ce qui est beaucoup plus rare, les techniciens méconnus de l'image, du cadre, du décor, de la production: du régisseur à la script.

Joaquin Romero Marchent, Eugenio Martin, Eduardo Fajardo, Simon Andreu, pour ne citer que les plus fameux, donnent le ton de ce que fut l'invention d'un genre, côté ibérique. Une contribution d'ensemble inégalée et maintenant indispensable sur ce versant trop souvent méconnu du western spaghetti.

Juan Gabriel Garcia, Los Espanoles del Western, Editorial Circulo Rojo, 2010, (Préface de Enzo G. Castellari).




L'ambition de l'auteur de Spanish Western, Pedro Guttierez Recacha, est très grande. Il entend démontrer que les cinéastes espagnols, bien avant Leone et les italiens, ont su créer un genre bien codifié et authentique, précurseur du développement commercial et esthétique du western européen.


400 pages bien tassées et parfaitement sourcées cernent tout ce qui fait l'entreprise de création et d'industrie: des conditions de production, de tournage, de la naissance et l'usage des décors, aux circuits d'exploitation en passant par les chemins tortueux de la censure franquiste.


Recacha s'appuie adroitement sur une documentation d'époque, en consultant, parmi d'autres, la revue Fotogramas et les entretiens passés avec les gloires ou les seconds coûteaux du temps: Fernando Sancho, Antonio Molino Rojo, Lex Barker, Giuliano Gemma, Hugo Fregonese et même... Clint Eastwood, dans un incroyable entretien d'avril 1964, fait à Madrid, où l'acteur, alors inconnu en Espagne, explique tourner une co-production commencée en Italie 15 jours plus tôt, en compagnie d'un très belle actrice allemande, au nom incertain de Marianne " Kock o Cook" (Marianne Koch), sans même citer le nom du metteur en scène... Sergio Leone.

L'article est reproduit et l'on découvre alors le visage de l'homme sans nom, top model photographié entre deux plans de Pour une poignée de Dollars, décontracté sous une belle barbe de trois jours, nécessaire au tournage, mais chemise élégante et col largement ouvert.


Préfacé par Carlos Aguilar, l'ouvrage consacre une longue partie à Joaquin Romero Marchent, ce cinéaste majeur et inventeur oublié par l' Histoire du Cinéma de bien des formes en Scope Couleurs de ce que laissera à la postérité le western méditerranéen .

Il est si rare de trouver une lecture un peu nouvelle du genre, que nous ne saurions que trop conseiller l'acquisition de cet ouvrage, même aux hispanisants peu avertis, au vu de la qualité et de la nouveauté des informations que l'on peut y picorer ou y dévorer.

Pedro Gutierrez Recacha, Spanish Western El Cine del Oeste como subgénero espanol (1954-1965), Generalitat Valenciana, 2010, (Préface de Carlos Aguilar).

samedi 1 janvier 2011

MINNESOTA CLAY CHEZ GAUMONT, DVD, JANVIER 2010


Gaumont, la firme à la marguerite, propose, à la demande, l'édition en DVD pressé de titres jugés peu rentables commercialement dans le marché traditionnel de l'exploitation vidéo. Les masters utilisés sont des copies BETAMAX, de la meilleure qualité possible, sans restauration de faite néanmoins.

Après une cinquantaine de films diffusés en octobre et novembre 2010, la collection s'étoffe de 5 nouvelles sorties mensuelles.
Le western de Sergio Corbucci, réalisé à l'automne 1964, Minnesota Clay, exploité en France par Gaumont sous le titre Le Justicier du Minnesota, fait partie de la première fournée, janvier 2011, programmée à la vente le 20 du mois.



Si Minnesota Clay bénéficie à travers le monde déjà d'éditions DVD convenables, c' est une excellente nouvelle de voir enfin arriver chez nous la version française.
La dernière édition en date, italienne, publiée par 01 Distribution dans la décevante collection Titanus Wild West (films trop souvent décadrés) est au format correct, 1.66, mais les jolies couleurs du film sont inégales, chancelantes.


Un coup de chapeau à Gaumont pour cette édition surprise, demandée par plusieurs amateurs, entre autres très belles sorties issues d'un catalogue riche et varié, qui combleront les cinéphiles. Chaque film est sous-titré en français, pour les mal-entendants.


Gaumont propose au public de formuler ses souhaits éditoriaux par courriel à l'adresse suivante:


Toute demande doit être accompagnée d'un nom et d'une adresse physique, et faite pour un film issu du catalogue Gaumont actualisé :


Gaumont presse ou ne presse pas le titre, en fonction du nombre de demandes reçues (une trentaine suffirait).

Le goût de la violence, de Robert Hossein, 1961, figure dans le catalogue Gaumont. C'est le moment opportun pour enfin voir éditer en DVD ce proto western européen, devenu très rare.


Minnesota Clay, histoire d'un pistolero atteint petit à petit de cécité, sera suivi d'une autre sortie très attendue en France, une autre histoire de pistolero aveugle, Blind Man, Ferdinando Baldi, 1971, logiquement en février 2011 chez Wild Side.



Excellente année 2011 à tous.