dimanche 30 mai 2010

"SERGIO LEONE", GILLES CEBE.

Quand sort sur nos écrans Il était une fois en Amérique, au printemps 1984, les éditions Henri Veyrier ont la bonne idée de publier cette excellente monographie sur Sergio Leone, écrite par Gilles Cébe.


L'ouvrage, adroitement illustré, reste d'une rigueur d'analyse exemplaire. Cébe publie l'ensemble du découpage original de chacun des films de Leone. Sont incluses les différentes séquences finalement rejetées du montage "final" par le cinéaste, ou encore les coupures dûes aux différences d'exploitation selon les copies et les pays.


Le travail entrepris par Cébe sera confirmé par la vision des versions "intégrales" des différents films de Leone, que ce soit lors de projections des copies personnelles du cinéaste (Le Bon la Brute et le Truand, avril 1999, Cinémathèque française) ou par l'édition DVD : Le Bon la Brute et le Truand, DVD MGM, 2005; Il Buno Il Brutto Il Cattivo, éditions italiennes; C'era Volta il West, édition CVC, 2002.


Seule ombre au tableau: Cébe mentionne dans Et pour quelques Dollars de plus l'existence d'une séquence manquante, où Indio baptise son revolver dans l'eau bénite avant de massacrer la famille de son délateur. Cette scène ne figure dans aucune copie. Dommage, l'auteur ne cite pas ses sources ici.

De Il était une fois en Amérique, le livre ne montre que quelques photographies.

On le trouve encore facilement sur le marché d'occasion. L'amateur saisira l'opportunité.

Gilles Cébe, Sergio Leone, Henri Veyrier, 1984.

samedi 22 mai 2010

AVANT LE WESTERN SPAGHETTI: SUR LE TOURNAGE DU "COLOSSE DE RHODES".

Sergio Leone tourne Le Colosse de Rhodes, un peplum spectaculaire, son premier film aussi, en Espagne de la fin août à l'automne 1960.

Un livre documente parfaitement la première partie du tournage à Laredo, petit port de Biscaye (Santander), déjà bien connu du tourisme en 1960:
Cuando Laredo fue Hollywood, J.R. Saiz Viadero, Ediciones Tantin, (Santander), 1997.


Sergio Leone sur la jetée du port de Laredo, vers septembre 1960.


Les pieds du Colosse sont installés à l'entrée du port de Laredo, reliés par une passerelle à partir de laquelle s'élance le cascadeur José Luis Chinchilla, doublure de Rory Calhoun (Darios), fin septembre 1960, pour un plongeon spectaculaire à haut risque.


Le 11 novembre 1960, une tempête automnale anéantit les décors. Le tournage s'est déjà transporté à Madrid.


La jetée reste telle qu'en 1960 de longues années, jusque vers 2007, date à laquelle de puissantes transformations affectent le port. Aujourd'hui, du lieu utilisé par Leone, il ne reste presque plus rien.



Des photographies personnelles sur les décors, octobre 1960, sont publiées sur le blog de Salvador Sainz:


Sur le terrain d'un studio madrilène, le torse du Colosse, automne 1960.





Il Colosso di Rodi, DVD italien Mondo Home Video (2005), le seul à proposer le film en version intégrale. Cette édition reprend la précédente, sortie chez CVC, complète elle aussi.





Sources iconographiques:
Cuando Laredo fue Hollywood, J.R. Saiz Viadero, Editiones Tantin (Santander), 1997.
Google image.
Sources extérieures d'information:
Cuando Laredo fue Hollywood, J.R. Saiz Viadero, Ediciones Tantin (Santander), 1997.

"LES BONS, LES SALES, LES MECHANTS ET LES PROPRES DE SERGIO LEONE."

Issu d' une courte rencontre entre Gilles Lambert et Sergio Leone, ce petit livre est le premier ouvrage disponible en langue française sur le cinéaste le plus connu du western spaghetti.

Il accompagne la nouvelle sortie nationale des films de Leone, en salles à partir de juin 1976 et pour tout l'été.

Personne ne se pose alors la question des copies restaurées: flambantes neuves.


Les Bons, les Sales, les Méchants et les Propres de Sergio Leone
, Gilles Lambert, Solar, 1976.


Photomontage de couverture : Sergio Leone, sur le tournage de Il était une fois la Révolution, été 1970; Clint Eastwood, Los Albaricoques, Et pour quelques Dollars de plus, juin 1965.


Ouvrage encore disponible d'occasion.

"MON NOM EST PERSONNE": DECOUPE DECORS ET DETAILS (5).

Terence Hill et les trottoirs de bois longeants la voie ferrée "Almeria-Grenade", face à la Estacion de La Calahorra, (Grenade), vers juillet 1973.

Ernesto Gastaldi écrit la séquence en nocturne. Personne se promène dans les Streets of Pleasure de Las Cruces (Nouveau-Mexique), tenant la main d'un petit garçon noir à qui fait peur le nain monté sur des échasses.
Tournée à Poblado Leone, Estacion de La Calahorra, près de Guadix (Grenade), sous une lumière d'été intense, la scène est aussi prétexte d'un joli morceau de cinéma à costumes.



Arrive dans le champ une locomotive de la RENFE, la Baldwin 140-2054. Le mouvement de grue ascendant sur le village reprend celui exécuté dans les mêmes lieux, 5 ans auparavant, par la Chapman de Leone, Il était une fois dans l'Ouest, l'été 1968.



Poblado Leone, Cheyenne dans le film, Altiplano du Marquesado, sur fond de Sierra de Baza, vers juillet 1973. La ville de Carlo Simi, bâtie pour Il était une fois dans l'Ouest, est réaménagée par Gianni Polidori, venu de chez Luchino Visconti.


Le même panorama, en août 1982 : point de vue de la voie ferrée.

Tout à gauche un petit pan de mur de la fermette andalouse, blanchi à la chaux, et autour de laquelle Carlo Simi construit le set.

Leone loue le terrain pour dix ans, de 1968 à 1978. Le terme échu, les matériaux de construction sont récupérés par la population de La Calahorra, ce qui met un terme à l' existence du décor. Il survit à l'état de ruines abandonnées à la rudesse du climat.

Solidement implanté encore sur l'image de 1982: le Saloon, au centre du set, devenu depuis un hangar agricole.



Personne et son double, le mannequin à baffes, attractions de la fête et du film, vers juillet 1973.

Les fantômes de Poblado Leone, photographie de Souchon, vers 1974 (Formule 1 N° 53, 31 décembre 1975, Sierra Leone Un bout de Far-West en Andalousie).




Une référence directe à Charlie Chaplin, Le Cirque, 1928.



A quelques mètres à peine de la fête foraine, le Saloon de Cheyenne où Personne se rend en chariot: il faut dilater l'espace réduit du set à tout prix. Tonino Valerii connaît bien Poblado Leone, que Sergio lui a prêté pour Il Prezzo del Potere, en août 1969.


...ça va fumer...





Sources iconographiques:
Il Mio Nome è Nessuno, (1973), DVD Mondo Home Entertainment, 2005.
Jo, Ektachrome, 1982.
Formule 1 N° 53, 31 décembre 1975, Sierra Leone Un bout de Far-West en Andalousie, texte et photographies de Souchon.



Sources extérieures d'informations:
Ernesto Gastaldi, Il Mio Nome è Nessuno (1972-1973), chez l'auteur, sans date.
José Enrique Martinez Moya, Almeria un Mundo de Pelicula, Instituto de Estudios Almerienses, 1999.

vendredi 14 mai 2010

EN GARE D'ALMERIA.

De verre et d'acier, l'architecture industrielle fin de siècle de la Estacion del Ferrocaril, Almeria, photographie ancienne, vers 1910.


Il était une fois la Révolution, Sergio Leone (1971): Juan (Rod Steiger) devant la gare de Mesa Verde, 1913, dans la fiction; Almeria, juillet 1970, pour le tournage.


Il y a tout juste 42 ans, mai 1968: devant la Estacion del Ferrocaril, Almeria, Claudia Cardinale, Jason Robards, Henry Fonda et sa femme; un peu de tourisme entre deux plans de Il était une fois dans l'Ouest, Sergio Leone, (1968).



Sources iconographiques :
Google Image, photographie ancienne anonyme.
Giu la Testa, Sergio Leone, (1971), DVD CVC, 2001.
Fonds Life.

"BLIND MAN", FERDINANDO BALDI, 1971.















Tabernas (Almeria), Poblado del Oeste Texas Hollywood: juillet 1971-avril 1989, juillet 1991.




Tabernas (Almeria), Badlands, juillet 1971- avril 1989-1990.



Cabo de Gata (Almeria), Playa de Monsul, juillet 1971-vers avril 1989.



Tabernas (Almeria), Poblado del Oeste Texas Hollywood, juillet 1971-juillet 1991.






Gergal (Almeria), Llanos del Duque, Forteresse El Condor, juillet 1971-vers avril 1989.




Tabernas (Almeria), Poblado del Oeste Texas Hollywood, juillet 1971- vers avril 1989.



Tabernas (Almeria), Poblado del Oeste Texas Hollywood, intérieur de l'église mexicaine, juillet 1971-vers avril 1989.



Gergal (Almeria), Llanos del Duque, Forteresse El Condor, juillet 1971-vers avril 1989-1990.



Inspiré de la série japonaise des Zatoïchi, l'histoire d'un samouraï aveugle, Blind Man est réalisé l'été 1971 par Ferdinando Baldi en Italie pour les intérieurs et à Almeria pour les extérieurs.


Le recul du temps efface la référence au film de sabre. Blind Man importe dans l'univers du western spaghetti, dont Ferdinando Baldi est un spécialiste, celui du Swinging London et des communautés hippies. Le film mélange habilement deux recettes à la mode de ce début des années 1970: l'univers de Sergio Leone et celui des libérations libertaires, ou Katmandou à Almeria.




Allen Klein, devenu depuis un an le manager des Beatles, produit le film dont la vraie vedette commerciale n'est pas Tony Anthony, acteur américain reconverti dans le film de genre italien, et avec un certain succès dans le western spaghetti, mais Ringo Starr, le batteur du groupe.


Ringo, au nom prédestiné, succède ainsi dans les steppes du Sud à John Lennon, dont la venue en Almeria de septembre 1966 pour le film How I Won the War, Richard Lester, n'était pas passée inaperçue. Le Swinging London avait déjà frappé l' Andalousie puritaine de Francisco Franco.

John Lennon en Almeria : Rolls, Drugs and Rock' n' Roll, vers septembre 1966.


Loin des budgets étriqués que lui donne Manolo Bolognini, Ferdinando Baldi trouve enfin dans Blind Man des moyens à sa démesure. Le film brasse, dans une multitude de décors aussi riches les uns que les autres, une figuration importante: la plus spectaculaire est celle du convoi de femmes égaré dans le désert et poursuivi par une horde de Hippies travestis en hors-la-lois hirsutes, vision psychédélique surgie des vestiges décoratifs de La Folie des Grandeurs (noria factice de la grande dune de Cabo de Gata).


Le détail vestimentaire en dit long: bandanas, cartouchières décoratives, bijouteries, colifichets en tous genres, bijoux et bracelets, cuirs et tissus multicolores venus de la mode Pop.


Ibiza s'invite dans le western spaghetti jusque dans la musique de Stelvio Cipriani, une expérience sensorielle de bruits et de sons percutants, bizarres, loin de la stricte application des contingences narratives d'une écriture musicale au cinéma. Blind Man tient d'un spectacle audio-visuel travaillé par l' abstraction des formes.


Comme dans Pour une poignée de Dollars, le film ouvre sur la brûlure du soleil: l'univers du western spaghetti condensé dans une pure sensation optique.


Bénéficiant d'un travail du cadre optimal, d'un montage virtuose et d'une histoire attractive pimentée d'érotisme né des magazines sur papier glacé de l'homme moderne, Blind Man fait pourtant un four.

Le temps confère à Blind Man l'aura d'un film culte, joyau d'une époque vécue aujourd'hui comme révolue, celle du cinéma de genre, dans sa quintessence formaliste, où les utopies du moment pouvaient, dans une même confusion commerciale et artistique, se manifester .



Sources iconographiques:
Blind Man, Ferdinando Baldi, (1971), DVD Fabbri (Alan Young), 2007.
Jo, Ektachromes, 1989-1991.